vendredi 28 juin 2013

Le saumon, à consommer avec modération

Par figaro iconAlice Flores - le 28/06/2013
Les poissons gras sont bons pour la santé, mais ils sont aussi très pollués. Les femmes enceintes et les jeunes enfants doivent donc les consommer raisonnablement, ont récemment rappelé les experts.
Alors que le saumon est l'emblème du régime sain et équilibré, un article dénonçant les teneurs en polluants des saumons d'élevage paru le 17 juin dans le magazine VG a conduit le gouvernement norvégien à revoir ses recommandations à la baisse. Les jeunes femmes et les femmes enceintes ont été invitées à pas dépasser deux ou trois portions de poisson gras par semaine. Cette annonce a relancé les inquiétudes vis-à-vis de la toxicité de ces poissons, particulièrement exposés aux polluants.
Les poissons gras comme le saumon, la sardine, le maquereau ou le hareng, sont ceux dont les lipides représentent plus de 2% de leur composition. Leur consommation est recommandée par les autorités de santé, car ils sont riches en oméga-3, des acides gras essentiels dont le rôle bénéfique a été prouvé par une multitude d'études, particulièrement pour la santé cardiovasculaire.
Toutefois, ces poissons sont particulièrement exposés aux polluants comme les PCB, des composés utilisés dans l'industrie avant 1987, date de leur interdiction en France. Comme ces molécules sont peu biodégradables, elles s'accumulent dans l'environnement et en particulier dans les sédiments marins. Les poissons ingèrent ces toxiques qui, très peu éliminés par leur organisme, se stockent mois après mois dans leurs graisses. C'est pourquoi plus un poisson vit vieux, plus il peut présenter des niveaux de PCB élevés.
L'étude Calipso, menée entre 2003 et 2006 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), le ministère de l'agriculture et de la pêche et l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) montre que la contamination moyenne en PCB de la sardine et du maquereau est plus élevée que celle du saumon. Des résultats encore à nuancer car le saumon a davantage de graisses que la sardine, qui sont le lieu de stockage des PCB. «Tous les poissons sont contaminés, alerte Pierre Souvet, cardiologue et président de l'association Santé Environnement France. Les gros poissons prédateurs comme le thon sont davantage concernés par le mercure, tandis que les plus petits comme le saumon sont exposés aux dioxines ou au PCB». Inutile donc de faire l'impasse sur un type de poisson, mieux vaut varier leur consommation «et leur lieux d'approvisionnement, ajoute Pierre Souvet. Cela évite les risques d'être exposé continuellement au même toxique».
Entre poissons d'élevages ou sauvages en revanche, aucun élément ne permet de dire si les uns sont plus contaminés que les autres. «La standardisation de l'alimentation des poissons d'élevage fait qu'il y a moins de différences individuelles dans leurs teneurs en PCB et dioxines, commente Jean-Charles Leblanc, chef du département de l'évaluation des risques liés aux aliments à l'ANSES. Les poissons sauvages, au contraire, peuvent être peu ou très contaminés, selon ce qu'ils ont mangé».

Éviter les poissons prédateurs

Pour couvrir les besoins en oméga-3 tout en minimisant l'exposition aux différents polluants, l'ANSES recommande de ne consommer du poisson que deux fois par semaine, en alternant poissons gras et poissons maigres, pour les adultes et les enfants à partir de 10 ans.
Comme plusieurs études ont montré les effets délétères des PCB sur le développement mental et moteur des enfants, l'ANSES a émis des recommandations spécifiques pour les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants de moins de trois ans, et les jeunes filles en âge de procréer. Ainsi, ces personnes sensibles doivent éviter de consommer des poissons fortement accumulateurs de PCB: principalement des poissons prédateurs des rivières comme l'anguille ou la carpe. «Les femmes enceintes ont des besoins en oméga-3 équivalents à l'ensemble de la population, précise Jean-Charles Leblanc. Elles ne doivent donc pas faire l'impasse sur les poissons gras et peuvent manger sans risque du saumon norvégien. Les jeunes enfants de 3 à 9 ans ont quant à eux des apports nutritionnels conseillés deux fois moins importants que l'ensemble de la population».
Depuis 2001, la réglementation européenne impose des contrôles sur les teneurs en PCB et dioxines des poissons mis sur le marché. «Depuis quelques années, nous avons remarqué que l'exposition par l'alimentation aux PCB dans la population française avait diminué, grâce à la mise en place de cette réglementation stricte, explique Jean-Charles Leblanc. C'est très rassurant, car les résultats de plusieurs études montrent qu'aujourd'hui très peu de personnes dépassent les valeurs seuil».


http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/06/28/20854-saumon-consommer-avec-moderation

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