jeudi 27 juin 2013

Turquie

Violents affrontements à la Place Taksim

Première publication 11 juin 2013 à 15h26
 
TVA Nouvelles d'après AFP
La police n'avait plus mis les pieds sur la place Taksim depuis une semaine. Elle signe son retour, à la veille d'une rencontre entre le chef du gouvernement islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et des représentants du mouvement de contestation après douze jours de crise politique.
L'ancien centre culturel Atatürk, un édifice noir aux allures de gigantesque pierre tombale, est investi par les policiers. Ils en arrachent les dizaines de banderoles et posters qui constellaient sa façade. Seuls le drapeau turc et une immense affiche à l'effigie de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, sont épargnés.
Les manifestants ont échangés les gaz lacrymogènes avec les policiers ( photo:Reuters)
Sous les platanes du parc Gezi, où tout a commencé le 31 mai, les traits des manifestants sont tirés, les yeux embués. Certains sont sonnés, le regard vide, perdus.
"Vous voyez ça? Nous attaquer après avoir annoncé qu'il nous rencontrerait demain pour discuter? Quel genre de chef de gouvernement fait ça?", hurle Yilmaz, 23 ans.

"Nous n'abandonnerons pas le parc Gezi, ils peuvent envoyer des centaines d'autres policiers, nous sommes plus nombreux", ajoute-t-il avant de narguer les canons à eau. "Qu'ils balancent de l'eau ! ça me fera du bien, je n'ai pas pris de douche depuis trois jours", rigole-t-il.

Au centre de la place, des manifestants viennent provoquer la police. Aux premiers jets de bouteilles de bière ou de pierres, une salve de grenades lacrymogènes vole dans le ciel bleu d'Istanbul. Certains policiers jettent également des pierres.
Aucun bilan n'a encore été publié (photo: Reuters)
Les manifestants scandent les slogans : "Maudite soit la dictature de l'AKP", le parti de M. Erdogan, "Ce n'est que le début, la lutte continue", "Main dans la main contre le fascisme".

En moins deux heures, les policiers reprennent le contrôle total de la place mais ne cherchent pas à investir le parc Gezi adjacent. Ils contrôlent tous les accès, ont enlevé en un temps record les tonnes de barrières, pavés, abribus, blocs de béton formant les barricades, aidés par les bulldozers de la municipalité.

Le gouverneur d'Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, assure sur Twitter que l'objectif de l'opération n'est pas de chasser les manifestants du parc.

Sur un côté de la place, les combats les plus violents opposent des dizaines d'irréductibles aux gardes mobiles. Des cocktails Molotov, préparés à l'avance, volent sur un véhicule blindée. Une fumée noire s'élève, tout de suite dissipée par les volutes blancs des fumigènes et des gaz lacrymogènes.

Aux abords du parc, la tension monte entre partisans de la confrontation avec la police et ceux qui prônent l'attente pacifique. "Vous restez là sans rien faire, vous n'avez pas d'honneur", harangue une jeune femme arborant un tee-shirt d'un groupe d'extrême gauche.

"Restez calme, la violence, c'est justement ce que veut le pouvoir", lui répond une autre femme.

Dix heures après le lancement de l'assaut, les policiers sont maîtres de Taksim quand soudain, ils se retirent près du centre culturel Atatürk. Les manifestants, qui n'en demandent pas tant, reviennent en force sur la place. Des dizaines de milliers de manifestants, qui chantent et agitent leurs drapeau, occupent le parc Gezi et la place, face à une dizaine de camions et de centaines de policiers.

Taksim appartient de nouveau à la contestation. Pas pour longtemps. Moins d'une heure plus tard, les policiers évacuent la place pour la 2e fois et avec une violence redoublée. En moins d'une minute, la place est vidée des protestataires et camions et policiers se déploient, y compris devant le parc Gezi qui reçoit salves sur salves de gaz lacrymogènes.

Des unités de police s'engagent également dans les rues adjacentes. Un jeune manifestant est roué de coups de pied par des policiers qui le laissent repartir quand ils voient un groupe de journalistes.

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