vendredi 24 mai 2013

Avis d'ébullition majeur

Trois heures trop tard, dénoncent les arrondissements

Première publication 23 mai 2013 à 19h52
Trois heures trop tard, dénoncent les arrondissements
Crédit photo : archives TVA Nouvelles
Par Ewan Sauves | Agence QMI
La Ville de Montréal aurait pris trop de temps à avertir les arrondissements affectés par l'avis d'ébullition préventif de l'eau potable lancé mercredi. Certains ayant été mis au fait trois heures en retard, des élus déplorent la «défaillance apparente» et exigent qu'un rapport d'enquête soit produit.
Le maire de l'arrondissement Rosemont-La-Petite-Prairie, François William Croteau, a eu vent de la baisse du niveau d'eau dans un des réservoirs de l'usine Atwater seulement vers 10h30. Le problème avait pourtant été signalé à la Ville de Montréal bien plus tôt, soit à 7h30.
«Ce délai est inapproprié. Il y a eu une problématique au niveau de la coordination et je pense qu'une réflexion s'impose, a déclaré M. Croteau en entrevue. On va devoir revoir notre plan de mesures d'urgence.»
Ce retard a eu un effet sur certains commerces. La contamination probable de l'eau potable a créé plus de peur que de mal, mercredi, aux employés de l'animalerie Aquarium du Nord, située sur la rue Saint-Hubert.
Les dizaines d'oiseaux exotiques de la boutique ont bu l'eau du robinet toute la matinée, puisque l'arrondissement n'avait pas pu avertir les commerces.
«Tout le monde est correct, mais ça aurait pu être grave, a indiqué Vanessa St-Louis, gérante de l'animalerie. C'est un client que je servais qui m'a mis au courant. Selon moi, on aurait dû trouver des notes collées sur nos portes. Ça aurait dû être fait.»
L'eau des aquariums n'a pas pu être remplacée et les employés attendaient toujours le feu vert de la Ville, jeudi, avant de le faire.

La Ville se défend

Selon Chantale Morrissette, directrice du Service de l'eau à la Ville de Montréal, tous les représentants des arrondissements étaient conviés à participer à une «première téléconférence» à 9h30.
«On a procédé par étapes dans notre processus, a renchéri Christian Dubois, président de la Commission de la sécurité publique. On n'a pas averti les arrondissements qui ne semblaient pas touchés dès le début.»

Rapport public demandé

Le chef de Projet Montréal et candidat à la mairie, Richard Bergeron, a été plus critique. Il exige qu'un rapport public sur les causes de ce qui s'est passé à l'usine de production Atwater soit rédigé. Plusieurs questions demeurent sans réponse, a-t-il déploré.
«Comment se fait-il qu'on ne suive pas plus que ça le niveau d'eau dans nos réservoirs? Est-ce qu'on nettoie nos réservoirs à cycle régulier?»
«En théorie, on est blindé en terme de mesures d'urgence à Montréal, a-t-il précisé. Comment ça se fait qu'avec un dispositif aussi rodé et mis à jour régulièrement, il y a eu un délai de 2h 30 avant d'aviser les autorités des arrondissements?»
Richard Bergeron a également montré du doigt les membres du comité exécutif, qui ont observé un mutisme complet mercredi. «Le maire est en deuil, c'est normal qu'il n'était pas disponible, mais il n'y a pas eu de réaction officielle du comité exécutif, a dit M. Bergeron. C'est anormal!»
Certains commerçants ont bien accueilli cet avis d'ébullition. C'est le cas de Nadia Aubert, copropriétaire du restaurant L'Armoire à glaces. «Ça arrive, il n'y a personne à blâme, a-t-elle dit. Il faut savoir utiliser notre débrouillardise et jouer avec ça.»
En plus de leur repas, les clients du restaurant ont même eu droit à un verre d'eau, jeudi. «On s'est mieux préparés [que mercredi] et on a fait bouillir de l'eau», a indiqué Mme Aubert.
Quant au Spa Scandinave du Vieux-Montréal, l'impact a été assez limité, puisque les bains avaient déjà été vidés et remplis, il y a quelques jours. «Par mesure de sécurité, nous avons quand même augmenté le taux de chlore, pour ne prendre aucune chance», a souligné Émilie Mazet, directrice adjointe des ventes et marketing.
- Avec la collaboration d'Emmanuel Delacour

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