lundi 27 mai 2013

NANTERRE

Procès Mediator: deux experts chargent les laboratoires Servier

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"Enfumage", "volonté d'occulter": deux ex-membres de l'Agence de sécurité des produits de santé crtiquée par la défense ont pointé du doigt vendredi la responsabilité des laboratoires Servier, au quatrième jour du procès du Mediator. 

Procès Mediator: deux experts chargent les laboratoires Servier
"Enfumage", "volonté d'occulter": deux experts et ex-membres de l'Agence de sécurité des produits de santé (Afssaps) ont pointé du doigt vendredi la responsabilité des laboratoires Servier, au quatrième jour du procès du Mediator.
afp.com/Fred Tanneau
"Les laboratoires Servier auraient dû spontanément retirer le Benfluorex (principe actif du Mediator) en 1997", lorsque l'Isoméride et le Ponderal, des médicaments de la même famille, ont été retirés du marché, a estimé Philippe Lechat, ex-directeur de l'évaluation des médicaments à l'Afssaps, au quatrième jour du procès du Mediator. Au lieu de cela, le groupe pharmaceutique a positionné le Mediator comme différent de ses deux cousins, accuse le médecin, qui a rédigé une note à ce sujet fin 2010. "Il y avait une volonté de minimiser, d'occulter", a-t-il insisté.
"On a eu 20, 30 ans d'enfumage de l'effet anorexigène" du Mediator, a expliqué pour sa part le professeur Jean-François Bergmann, ancien vice-président de la commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments. "Servier pour moi, c'est l'Opus Dei", car "ils ont trois principes: la foi, le silence et le cloisonnement", a-t-il ajouté.

Foi, silence et cloisonnement

"Finalement, Servier ressemble beaucoup à l'Afssaps, chez qui il y a le silence, le cloisonnement et aussi la bonne foi", a alors ironisé Me Hervé Temime, l'avocat de Jacques Servier, fondateur des laboratoires éponymes. Car pour lui, l'Afssaps, mise en examen tout comme Jacques Servier dans le cadre de l'instruction menée en parallèle à Paris, a également une responsabilité dans le retrait tardif - en 2009 - de l'antidiabétique, détourné comme coupe-faim.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles l'Afssaps n'avait pas pris une décision plus tôt, M. Lechat a expliqué que c'était dû à "l'absence de notification de pharmacovigilance alarmante" avant 2009. Le problème, pour le Pr Bergmann, c'est que "la pharmacovigilance basée sur la déclaration spontanée, cela marche très mal (...) Un médecin le fait en moyenne une fois tous les dix ans".
Membre de l'AMM jusqu'à fin 2012, le professeur Bergmann a également dénoncé une "stratégie de déviance" des laboratoires Servier pour donner un "classement atypique" à ses médicaments, leur permettant de passer sous les "fourches caudines de la pharmacovigilance".

Un conflit d'intérêt ?

Mais la défense n'a eu de cesse de tancer l'expert sur sa passivité présumée alors qu'il s'estimait méfiant vis-à-vis de Servier.
Me Temime a également dénoncé un conflit d'intérêt présumé, évoquant le mandat à l'AMM de M. Bergmann en même temps qu'une mission menée pour Sanofi-Aventis.
Le procès de ce médicament responsable de centaines de morts en France doit reprendre lundi, avec l'audition de nouveaux témoins cités par les parties civiles. Toutefois, le tribunal devra d'abord se prononcer sur un énième argument de procédure de la défense, susceptible d'interrompre les débats. 

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