Et le bio, c’est mieux ?
Le bio est à la mode, mais, s’il est
plus avantageux pour la santé, il ne l’est pas forcément pour le
porte-monnaie. Il faut dire qu’on ne l’encourage pas.
Est-ce vraiment bénéfique ?
« Manger bio est le meilleur moyen de
diminuer son exposition aux pesticides, affirme le toxicologue
Jean-François Narbonne. On en retrouve 6 à 9 fois moins dans les
urines d’enfants qui sont passés d’une alimentation
conventionnelle à une alimentation bio. »
Selon un rapport de l’Agence
française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de 2003, la
grande majorité des produits bio ne contiennent pas de résidus de
pesticides et leur teneur en nitrates (liée aux engrais chimiques)
est plus faible dans les légumes. Contrairement à ce que disent les
détracteurs de la filière bio, la présence de mycotoxines, dues
aux moisissures, n’y est pas plus élevée qu’ailleurs. _ Pour
autant, une carotte bio est-elle meilleure qu’une carotte ordinaire
du point de vue nutritionnel ? Un peu. D’après une étude parue
en 2009 dans l’American Journal of Clinical Nutrition, les aliments
bio contiennent plus de micronutriments (magnésium, zinc,
flavonoïdes, sucres, polyphénols…) que les autres et moins d’eau.
En revanche, ils n’apportent pas forcément plus de vitamines.
Pourquoi est-ce plus cher ?
« Il y a dix ans, parler de bio
faisait fuir les gens, aujourd’hui, il suffit de mettre bio sur une
étiquette pour que ça se vende comme des petits pains », raconte
l’agronome Claude Aubert, auteur d’Une autre assiette (éd.
Courrier du livre, 20 euros). Le hic, c’est le prix : 25 % plus
cher… Car les coûts de production sont très élevés. _ Comme les
producteurs respectent les saisons et qu’ils bichonnent leurs sols,
leurs rendements sont deux fois moins importants. D’autant que pour
désherber sans herbicides chimiques il leur faut payer de la
main-d’œuvre. Et puis, si l’Etat et l’Europe donnaient à
l’agriculture bio autant de subventions qu’à l’agriculture
conventionnelle (un éleveur de vaches laitières bio touche moitié
moins d’aides qu’un éleveur ordinaire), elle pourrait se
développer et baisser ses prix. _ Actuellement, elle ne représente
que 2,6 % des terres cultivées, et, même si le Grenelle de
l’environnement prévoit qu’elle passera à 20 % d’ici à 2020,
face à la demande, la France est obligée d’importer. Ce qui n’est
pas sans risques, comme on l’a vu avec les graines germées bio
venues d’Egypte.
Y a-t-il des alternatives ?
« Avec un milliard d’affamés sur la
Terre et un tiers de l’humanité en surcharge pondérale, ce qui
devrait nous interpeller, c’est de mieux gérer la question
alimentaire. On a cru pouvoir s’en sortir en produisant toujours
plus et on est dans une impasse. Bio ou pas bio, ce n’est pas le
problème. Si on cultivait la terre comme un jardin, on pourrait
nourrir la planète », explique Christian Rémésy. _ Ses
propositions, un label fondé sur l’équilibre alimentaire des
produits et la création d’« agromarchés » approvisionnés
par des produits venant exclusivement des campagnes. Une autre forme
de « locavore », en quelque sorte, ce mouvement qui prône de
ne consommer que des produits cultivés dans un rayon de 100 à 250
kilomètres autour de chez soi, ou de « slow food », qui
allie plaisir et respect des producteurs et de l’environnement.
Actuellement, chaque Français jette
sept kilos de nourriture non entamée par an…
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