vendredi 22 février 2013

Photo: Les produits chimiques toxiques, ces saletés que l'on retrouve dans les produits d'entretien ménager
(Crédit: Jenny Lee Silver)
Chaque année, les Canadiens et les Canadiennes dépensent plus de 275 millions de dollars en produits d'entretien ménager. Nous achetons ces produits pour nous débarrasser des microbes, des marques, des taches et des odeurs afin que nos maisons soient étincelantes de propreté. Le nettoyage devrait avoir pour objectif de garder nos maisons saines; pourtant, certains produits d'entretien ménager courants contiennent des produits chimiques qui peuvent être nocifs pour la santé humaine et l'environnement. Quel gâchis!

Effets aigus et chroniques

Vous êtes probablement familiarisé avec les symboles de danger qui apparaissent sur certains produits d'entretien accompagnés de mots tels que « poison », « corrosif » et « irritant ».
Ces symboles de danger avertissent les consommateurs des risques aigus pour la santé, ceux-ci étant associés à une exposition unique ou à court terme aux ingrédients chimiques présents dans le produit d'entretien.
Au Canada, il n'existe toutefois pas d'exigence similaire pour que les fabricants avertissent les consommateurs des dangers pour la santé et l'environnement associés à une exposition chronique ou à long terme aux ingrédients chimiques entrant dans la composition des produits d'entretien ménager. La plupart d'entre nous sont quotidiennement exposés à de faibles quantités de produits d'entretien et de leurs résidus.
Lorsque nous employons ces produits chimiques pour nettoyer nos maisons, ils restent présents dans l'air et nous les inspirons. Des chercheurs étasuniens ont identifié 133 composés organiques volatils (COV) distincts qui sont émis à partir d'un petit échantillon de produits de consommation, dont six produits d'entretien. Chaque produit testé émettait entre une et huit substances chimiques réputées toxiques ou dangereuses selon les lois fédérales étasuniennes.
Les produits chimiques retrouvés dans les produits d'entretien peuvent également pénétrer dans notre corps en étant absorbés par la peau ou encore par l'ingestion de poussière domestique et de résidus chimiques accumulés sur la vaisselle et les ustensiles de table. Et lorsque les produits d'entretien sont versés dans les égouts domestiques, ils peuvent engendrer de sérieux impacts sur les écosystèmes aquatiques.
Il n'existe aucune exigence réglementaire visant à inventorier de manière uniformisée les ingrédients sur les étiquettes, si bien qu'il peut être difficile d'identifier les produits chimiques potentiellement dangereux. Voici quelques-uns des dangers qui peuvent se cacher dans vos armoires :
2-butoxyéthanol (2-BE, également connu sous le nom de Butyl Cellosolve) — Irritant pour la peau et les yeux, ce produit est également associé à certains troubles sanguins. Des expériences effectuées en laboratoire ont montré que l'exposition à de fortes doses de 2-butoxyéthanol causait des problèmes reliés à la reproduction. En raison de sa nocivité pour la santé humaine, ce produit chimique est considéré comme étant toxique par la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Santé Canada a déterminé que l'air à l'intérieur des bâtiments et le contact cutané constituaient les deux principales voies d'exposition aux produits d'entretien. Les règlements imposent que les concentrations de 2-BE soient limitées à 5 ou 6 dans la plupart des produits de nettoyage, mais des concentrations plus élevées sont permises dans certains autres produits, notamment les détachants pour la lessive (jusqu'à 22 ).
Retrouvé dans : les nettoyants pour vitres, les détachants pour la lessive, les nettoyants pour tapis, les nettoyants pour l'auto, les liquides lave-glaces, les dégraisseurs, les nettoyants pour cuisinières et les produits dérouillant.
Ammoniaque — Les vapeurs peuvent irriter les yeux, la peau, la gorge et les poumons. Les personnes souffrant d'asthme peuvent être particulièrement sensibles aux effets de l'ammoniac lorsqu'inhalé. Cette substance peut également causer des dommages aux reins et au foie. Bien que l'ammoniaque existe naturellement dans l'environnement, l'usage de produits d'entretien contenant cette substance, en s'additionnant aux sources naturelles, peut engendrer une exposition accrue aux vapeurs. Si l'ammoniaque est mélangée avec des produits blanchissants contenant du chlore (hypochlorite de sodium), la chloramine, un gaz hautement toxique, est formée.
Retrouvé dans : les nettoyants pour vitres, les débouche-tuyaux, les nettoyants pour toilettes, les nettoyant pour la salle de bain, les nettoyants pour cuisinières, les nettoyants pour l'acier inoxydable, les polis pour voitures et les produits de nettoyage tout usage.
Colorants à base de goudrons — Dérivés des produits pétrochimiques, peuvent contenir des quantités traces de métaux lourds tels que l'arsenic, le cadmium et le plomb. Il existe des craintes selon lesquelles les colorants synthétiques pourraient causer le cancer et que les métaux lourds pourraient endommager le système nerveux et engendrer d'autres effets nuisibles sur la santé. Les colorants présents dans les produits d'entretien peuvent être absorbés par voie cutanée ou ingérés dans le cas de résidus de savon sur la vaisselle. Ils ne contribuent en rien à la fonction nettoyante des produits.
Retrouvé dans : la plupart des types de produits d'entretien.

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Composés d'ammonium quaternaire — Irritants et agents sensibilisants capables d'induire une réponse allergique à la suite d'un contact avec la peau. Les composés d'ammonium quaternaires sont également réputés déclencher l'asthme en milieu de travail, et des données préliminaires indiquent qu'ils peuvent induire des effets nuisibles sur le plan génétique et de la reproduction. Des produits chimiques faisant partie de cette famille sont persistants dans l'environnement et demeurent toxiques pour les organismes aquatiques. Les composés d'ammonium quaternaires sont des agents antimicrobiens et il existe des craintes voulant que leur usage répandu dans les désinfectants domestiques et les cosmétiques contribue à la résistance aux antibiotiques chez les bactéries, ce qui limite les possibilités de traitements dans le cas d'infections microbiennes. L'Association médicale canadienne a demandé que les produits ménagers antibactériens soient bannis.
Retrouvé dans : les produits de nettoyage pour la salle de bain, les nettoyants tout-usage, les assouplisseurs et les dégraisseurs.
Dichloroisocyanurate de sodium dihydraté — Corrosif; irritant sévère pour les yeux, la peau et le tractus respiratoire. Ce produit peut également former du chlore gazeux, qui brûle les yeux, le nez et la bouche. Des études ont démontré que de fortes doses de ce produit chimique peuvent causer des dommages aux reins. Sous sa forme concentrée, ce produit chimique s'avère très toxique pour les organismes aquatiques et peut comporter des effets à long terme au sein des écosystèmes aquatiques.
Retrouvé dans : les nettoyants pour cuvettes de toilette, les désodorisants, les nettoyants pour surfaces et les désinfectants.
Éthoxylates de nonylphénol (NPE) — Se dégradent en nonylphénols (NP), qui imitent l'hormone œstrogène. Lors d'expériences en laboratoire, il a été montré que les NP stimulaient la croissance des cellules cancéreuses chez le sein et qu'ils causaient des effets nuisibles sur le système reproducteur des poissons et d'autres organismes aquatiques. Plusieurs produits chimiques appartenant à cette classe sont considérés comme étant toxiques dans la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Environnement Canada a exigé des entreprises qu'elles mettent sur pied des stratégies visant à réduire de 95 la quantité de NPE dans les produits d'entretien (ainsi que dans les textiles et les produits issus des pâtes et papiers) d'ici la fin de 2010, mais s'est toutefois abstenu de bannir ces produits chimiques. En date de juillet 2010, et bien que l'usage de ces substances chimiques dans les produits ait diminué de manière importante, seulement 63 des installations assujetties à l'obligation de fournir des stratégies de réduction s'étaient conformées à cette décision.
Retrouvé dans : les détergents liquides pour la lessive, les détachants pour la lessive, les nettoyant tout usage, les produits servant à parfumer l'air, les nettoyants pour cuvette de toilette, les dégraisseurs et les produits de lavage pour les véhicules.
Hydroxyde de sodium (également connu sous le nom de lessive de soude ou de soude caustique) — hautement corrosif; peut brûler les yeux, la peau et les poumons, en plus d'être un irritant respiratoire. L'exposition à long terme à ce produit dans l'air peut mener à l'ulcération des voies nasales et à une irritation cutanée chronique. S'il est déversé en grandes quantités, l'hydroxyde de sodium augemente le pH de l'eau. En 2005, un important déversement d'une solution concentrée d'hydroxyde de sodium dans le canyon de la rivière Cheakamus au nord de Squamish en Colombie-Britannique a tué presque tous les poissons de la rivière.
Retrouvé dans : les nettoyants pour cuisinières, les nettoyants pour la salle de bain, les désinfectants, les débouche-tuyaux et les nettoyants pour cuvettes de toilette.
Laurylsulfate de sodium et laureth sulfate de sodium — Le laurylsulfate de sodium est un irritant pour la peau et dans sa décision préliminaire de catégorisation, Environnement Canada indique que ce produit chimique pourrait être toxique pour l'environnement. Moins agressif, le laureth sulfate de sodium constitue la forme « éthoxylée » du laurylsulfate de sodium. Toutefois, le procédé d'éthoxylation peut laisser des résidus de 1,4-dioxane à l'état de traces, cette substance persistante dans l'environnement étant un cancérogène possible chez l'humain (voir également MEA, DEA et TEA).
Retrouvé dans : les savons à vaisselle, les détergents liquides pour la lessive, les lingettes de nettoyage et les nettoyants pour cuvettes de toilette (ainsi que dans les cosmétiques produisant de la mousse).
Monoéthanolamine (MEA), diéthanolamine (DEA) et triéthanolamine (TEA) — Peuvent réagir avec les nitrites pour former des nitrosamines, qui sont cancérogènes. Les nitrites peuvent être présents à titre d'agents de conservation ou de contaminants dans d'autres produits ou certaines sources d'approvisionnement en eau. Ces alcools éthoxylés peuvent également être contaminés par le 1,4-dioxane, un cancérogène potentiel chez l'humain qui est persistant dans l'environnement. Le 1,4-dioxane peut être éliminé au cours du procédé de fabrication, mais il n'existe aucun moyen simple de s'en assurer. Le DEA est respectivement faiblement et sévèrement irritant pour la peau et les yeux. Le MEA est reconnu pour déclencher l'asthme en milieu de travail.
Retrouvé dans : les détergents liquides pour la lessive, les nettoyants tout usage, les nettoyants pour planchers, les produits de lavage pour les véhicules, les dégraisseurs, les savons à vaisselle, les nettoyants pour cuisinières et les nettoyants pour vitres et surfaces.
Nitrilotriacétate trisodique — Considéré par le Centre international de recherche sur le cancer comme étant un cancérogène possible chez l'humain. Lors d'une évaluation portant sur l'acide nitrilotriacétique (NTA), un composé chimique parent analytiquement identique en solution, Santé Canada a conclu que les concentrations de NTA/nitrilotriacétate trisodique retrouvées dans l'eau de boisson étaient trop faibles pour constituer un danger pour la santé humaine au Canada si ingérées. Un problème demeure cependant : les petites doses individuelles s'additionnent dans l'environnement et contribuent à notre charge toxique totale. Dans les écosystèmes aquatiques, le nitrilotriacétate trisodique a également la capacité de remettre en solution les métaux lourds trappés dans les sédiments; or, plusieurs de ces métaux sont toxiques pour les poissons et les autres espèces fauniques.
Retrouvé dans : les nettoyants pour la salle de bain et possiblement quelques détergents pour la lessive (plus communément dans les préparations industrielles).
Parfums chimiques — Plus de 3 000 produits chimiques sont employés dans les mélanges parfumés. Plusieurs de ces produits sont irritants et peuvent déclencher des allergies, des migraines et des symptômes de l'asthme. De plus, les muscs synthétiques utilisés dans les détergents s'accumulent dans l'environnement et peuvent être toxiques pour les organismes aquatiques. Certains muscs synthétiques sont également suspectés d'agir à titre de perturbateurs endocriniens, c'est-à-dire qu'ils sont susceptibles d'imiter les hormones ou d'interférer avec celles-ci. Les phtalates représentent un autre ingrédient entrant dans la composition des parfums retrouvés dans les produits tels que les détergents pour la lessive, les assouplisseurs et les désodorisants. Les nettoyants pour vitres et les polis à planchers contiennent aussi du phtalate de dibutyle (DBP). Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens suspectés qui sont associés à différents effets sur le système reproducteur, dont la réduction du nombre de spermatozoïdes chez l'homme. L'Union européenne classe le DBP à titre de substance très toxique pour les organismes aquatiques. La Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est a mis le DBP sur sa liste de produits chimiques devant faire l'objet de mesures prioritaires. Les produits servant à parfumer l'air contiennent un potpourri de produits chimiques et dans certains cas, du benzène et du formaldéhyde qui sont cancérogènes, de même que des phtalates et divers COV. Voir également...
Retrouvé dans : la plupart des types de produits d'entretien.
Phosphates — Agissent comme un fertilisant dans l'eau. De fortes concentrations de phosphates dans les plans d'eau peuvent favoriser l'apparition d'efflorescences algales nuisibles ainsi que la croissance des plantes. Ces phénomènes peuvent entraîner une diminution des concentrations d'oxygène dissous dans l'eau et éventuellement tuer les poissons. La croissance excessive des algues peut également obstruer les systèmes de filtration des usines de traitement des eaux de même qu'altérer le goût et l'odeur de l'eau, ce qui engendre une augmentation des coûts du traitement de l'eau. Certaines efflorescences algales produisent des substances biochimiques qui sont toxiques pour les animaux et les personnes qui boivent l'eau. De nouveaux règlements visant à limiter à 0,5 % les concentrations de phosphore dans les produits d'entretien ménager sont entrés en vigueur en 2010. Bien qu'il s'agisse d'une nette amélioration, pourquoi ne pas opter pour des marques de produits qui sont totalement exemptes de phosphates?
Retrouvé dans : les détergents pour lave-vaisselles, les détergents pour la lessive et les nettoyants pour la salle de bain.
Poudre de silice — Considérée à titre de cancérogène connu chez l'humain par le Centre international de recherche sur le cancer. Lorsque réduit en poudre, cet ingrédient d'origine naturelle constitué de quartz finement moulu est dangereux s'il est inhalé.
Retrouvé dans : les poudres à récurer abrasives.
Triclosan — Toxique et suspecté d'agir à titre de perturbateur endocrinien pouvant imiter les hormones ou interférer avec celles-ci. L'Union européenne considère que le triclosan est irritant pour la peau et les yeux, ainsi que très toxique pour les organismes aquatiques, indiquant qu'il peut causer des effets à long terme au sein des milieux aquatiques. Dans l'environnement, le triclosan peut également réagir pour former des dioxines, qui sont des substances toxiques bioaccumulables. À l'instar des composés d'ammonium quaternaires, le triclosan est un agent antimicrobien et il existe des craintes voulant que son utilisation à vaste échelle dans les produits de consommation contribue à la résistance aux antibiotiques chez les bactéries, ce qui limite les possibilités de traitements dans le cas d'infections microbiennes. L'Association médicale canadienne a demandé que les produits ménagers antibactériens soient bannis.
Retrouvé dans : les savons et les désinfectants pour la vaisselle, de même qu'une vaste gamme d'autres produits ménagers. Surveillez sa présence dans la liste des ingrédients actifs qui entrent dans la composition des produits antimicrobiens.

http://www.davidsuzuki.org/fr/champs-dintervention/sante/enjeux-et-recherche/substances-toxiques/les-produits-chimiques-toxiques-ces-saletes-que-lon-retrouve-dans-les-produits-d/

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