samedi 23 février 2013

Les enseignants à contrat dans la mire d'Ottawa

22 février 2013 | 16h50
Mise à jour: 22 février 2013 | 19h12

ARGENT
La mise en œuvre de la réforme de l'assurance-emploi du gouvernement Harper suscite une vive
Argent
La mise en œuvre de la réforme de l'assurance-emploi du gouvernement Harper suscite une vive grogne depuis le début de l'année. Les changements touchent même les enseignants à contrat.
Photo: Agence QMI
Le cœur du débat porte sur la création de trois catégories de chômeurs. Selon les nouvelles règles, ils devront accepter des emplois offrant de 70 à 90% de leur salaire habituel dans un rayon de 100 kilomètres de chez eux. Ottawa peut aussi les pousser à assister à des formations.
Les mesures doivent sortir 8000 prestataires du programme pour dégager des économies de 33 M$ par année. Ottawa investira 7,2 M$ afin de s'assurer que les prestataires cherchent vraiment du travail. Des vérifications auront lieu.
Les enseignants à contrat risquent de payer le prix fort dans le cadre de cette réforme, avertit Mario Labbé, conseiller à la sécurité sociale à Centrale des syndicats du Québec (CSQ).
«Ça mène à du harcèlement de personnes qui ont un contrat partiel, avance-t-il. Nos enseignants ont souvent un petit contrat de base et ils font de la suppléance fréquemment.»
Les profs en début de carrière risquent de perdre des prestations fort utiles, sinon de manquer des occasions d'enseigner en acceptant des emplois connexes.
«Ils vont se retrouver devant un dilemme épouvantable, poursuit M. Labbé. Ils vont soit travailler dans leur domaine et voir leur chômage coupé, ou aller travailler à temps plein dans un autre secteur parce que l'assurance emploi a repéré un poste qu'elle jugeait convenable.»
Mauvais pour les régions
Les écoles des régions éloignées en paieront le prix, prédit le conseiller de la CSQ. «Quand nous entendons les employeurs de la Côte-Nord, de Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine dire qu'ils perdent leur main d'oeuvre qualifiée, c'est aussi vrai dans le secteur scolaire. Sans compter les nouvelles mesures, nous avions déjà des taux d'abandon de 20% dans les cinq premières années.»
Manifestation à Québec
De son côté, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) organise une manifestation contre la réforme samedi à Québec.
Les travailleurs ressentent déjà les effets des changements, explique Marc Bellemare, conseiller principal au dossier assurance-emploi à la FTQ.
«Ça commence, dit-il. L'application de la loi est récente et certaines mesures arrivent de façon graduelle. Par contre, il n'est pas toujours possible de rejoindre Service Canada au téléphone. Si vous recevez une lettre de leur part, vous ne pouvez pas parler à l'auteur. C'est ce que les gens déplorent le plus.»
M. Bellemare s'insurge contre l'envoi allégué de fonctionnaires aux résidences des prestataires afin de faire des vérifications. «Ils sont partis à la chasse aux sorcières […] avec le projet de jumeler des Canadiens avec des emplois. C'est stupide.»
«Qu'on s'en prenne au chômage au lieu de s'en prendre aux chômeurs, ajoute le syndicaliste. S'il y a des fraudeurs, qu'on les attrape. Que les sans emploi aient l'obligation de chercher un emploi, nous sommes d'accord avec ça. De là à accepter n'importe quel emploi à 70% du salaire ou à faire un retour au travail en quelques semaines, il y a une différence.»
Pour sa part, la CSQ dénonce un manque de transparence dans l'élaboration de la réforme.
«Il n'y a pas d'option raisonnable sauf de tout mettre ça à la poubelle et de repartir à zéro dans un système démocratique, dit Mario Labbé. Le gouvernement fédéral a décidé unilatéralement des nouvelles règles. Assoyons-nous avec les associations patronales et avec le gouvernement fédéral pour identifier les problèmes et les corriger.»
Au moment de publier ces lignes, le ministère des Ressources humaines n'avait pas fourni sa version des faits.
michel.munger@tva.ca

http://argent.canoe.ca/lca/affaires/canada/archives/2013/02/les-enseignants-contrat-dans-mire-ottawa.html

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