vendredi 22 février 2013


Fruits et légumes : cocktail de pesticides

Sans devenir parano, mieux vaut connaître les dangers de notre alimentation pour éviter de s’empoisonner à petit feu… Nos astuces pour déjouer les pièges de la malbouffe.


Championne, la France  ! Avec près de 80 000 tonnes de pesticides déversés sur les cultures chaque année, elle est le premier utilisateur européen de ces substances. Pas étonnant donc qu’on en retrouve des traces dans nos assiettes.


En 2009, selon l’association Générations futures, 52,1 % de nos fruits et légumes contenaient des résidus de pesticides, contre 45 % en 2006. Rien d’illégal, sauf que 7,6 % dépassaient les limites maximales autorisées, 8,2 % pour les céréales. Parmi les hors-la-loi, les pêches, les fraises, les oranges, les citrons, les mandarines, les poivrons, le céleri branche, les épinards, les poireaux, les tomates, les laitues… En 2008, ce sont 4,5 % des raisins de 5 pays européens qui n’étaient pas dans les clous.


On ne s’inquiéterait pas si certains de ces pesticides n’étaient pas classés cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction et si nous n’étions exposés qu’à un seul. Mais il y en a en moyenne 5 par fruit. Une pomme peut même recevoir jusqu’à 27 traitements différents, un raisin, 40, de même qu’une pomme de terre  !

Le réseau Pan-Europe, qui regroupe 600 Ong, propose de réduire la quantité de pesticides de moitié. Un rêve  ! En 2008, dans le cadre de l’harmonisation de la réglementation au niveau européen, plutôt que d’opter pour un alignement sur les doses les plus faibles en vigueur dans certains pays, la Commission européenne a choisi les plus hautes. Moralité : une tomate française peut désormais recevoir 10 fois plus d’herbicide qu’avant. A raison de 5 fruits et légumes recommandés par jour, merci les lobbys.
 
Astuce :

Laver et éplucher ne suffit pas, car les pesticides peuvent imprégner la chair. Privilégiez les fruits et légumes bio, qui, selon l’Afssa, « éliminent les risques associés aux produits phytosanitaires de synthèse pour la santé humaine ».

Achetez des produits de saison et de proximité, car, pour qu’ils se conservent longtemps, ceux qui viennent de loin sont aspergés de pesticides après la récolte.

« Les consommateurs manquent d’information  »

Dr Laurent Chevallier, nutritionniste et membre du Réseau Environnement Santé.
Qui contrôle nos assiettes  ?

C’est la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (Dgccrf) qui est chargée de vérifier l’application de la réglementation concernant l’alimentation. Le problème, c’est que les moyens dont elle dispose sont nettement insuffisants, pour ne pas dire inexistants, et que, même si elle fait bien son travail, il y a des informations que le consommateur n’a pas. On ne sait pas, par exemple, ce que recouvre exactement l’appellation «  extraits végétaux  » dans le Coca.

Pour informer mes patients allergiques, j’ai interrogé l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), qui a été incapable de m’éclairer.

Les agences sanitaires jouent-elles bien leur rôle  ?

Elles ne sont pas très réactives. Fin 2010, quand j’ai appris par une étude danoise que les femmes qui buvaient au moins une boisson gazeuse «  light  » par jour avaient plus de risques d’accoucher prématurément, je pensais que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) allait revoir les recommandations sur l’aspartame, au moins pour protéger les futures mamans et leurs bébés. Et rien.

La réaction de l’Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments (Efsa) de ne pas modifier la dose journalière admissible est tout aussi incroyable alors que les études ayant servi à la fixer n’ont jamais été publiées dans une revue scientifique comme c’est la règle. Le Réseau environnement santé vient néanmoins d’obtenir que la Commission européenne fasse une réévaluation en septembre.

A quoi attribuez-vous ces dysfonctionnements  ?

C’est surtout le mode de fonctionnement des agences qui ne va pas, les habitudes culturelles qui font qu’on attend, qu’on minimise les études inquiétantes, qu’on demande toujours plus de preuves, qu’on discrédite les lanceurs d’alerte…
Du coup, les gens sont perdus. Cette cacophonie arrange bien les industriels. Leur dernière trouvaille publicitaire  ? Le neuromarketing, une technique qui consiste à faire passer une Irm à des consommateurs cobayes pour voir les réactions de leur cerveau face à un produit.


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