Alimentation : 11 substances chimiques
de trop dans nos assiettes
Dans un rapport rendu public le 30
juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation
(Anses) a fait le point sur l’exposition des consommateurs aux
substances chimiques présentes dans nos assiettes.
L’enquête, qui a duré quatre ans, a
passé au crible quelque 20 000 produits de l’alimentation courante
et 361 résidus chimiques.
Pas de risque majeur mais...
Premier constat rassurant : 85 % de ce
que nous mangeons ne présentent pas de risques majeurs. « Les
résultats témoignent d’un bon niveau de maîtrise sanitaire. Il
n’y a pas les bons et les mauvais aliments », se félicite Marc
Mortureux, directeur général de l’Anses. Néanmoins, dans 15 %
des cas, les valeurs de référence considérées acceptables pour la
santé sur toute une vie sont dépassées. « Un risque toxicologique
» ne peut donc pas être « écarté » selon les rapporteurs de
l’étude.
Cadmium, Pcb et diméthoate
Onze substances sont pointées du
doigt. Parmi elles, le cadmium, un métal lourd retrouvé dans les
céréales et les pommes de terres, les sulfites, un additif présent
notamment dans le vin, les mycotoxines produites par des champignons
sur le pain, les gâteaux, les pâtes..., les dioxines et les PCB
dans les poissons (saumon...), le methylmercure (thon…), un
pesticide, le diméthoate, suspecté d’être cancérigène et
décelé sur les cerises et les endives, le cuivre et l’arsenic
dans le café, et l’acrylamide, un composé qui apparaît lors de
la cuisson dans les aliments riches en glucides tels que les frites
et les chips, les biscuits secs et le café, etc.
Diversifier son alimentation
« Les risques étant souvent associés
à la consommation d’un aliment ou groupe d’aliments donné »,
l’Anses rappelle « l’importance d’une alimentation diversifiée
et équilibrée ». Notamment, pour les adolescents qui ont tendance
à se nourrir de céréales et de pâtes, ou pour les amateurs de
poissons à qui les experts recommandent d’en manger deux fois par
semaine, mais en variant les espèces et la provenance.
Quid des effets « cocktail » ?
Première du genre, cette étude a
cependant des limites. Elle ne tient pas compte, par exemple, des
expositions croisées, autrement dit, de l’accumulation de
polluants chimiques que nous ingérons et dont l’interaction dans
l’organisme pourrait produire un effet « cocktail » dont nous
ignorons tout.
Car nous ne sommes pas exposés à une
molécule, mais à plusieurs. Selon une enquête de l’association
Générations Futures, en mangeant normalement, c’est-à-dire sans
aller au Mac Do, un gamin de 10 ans avale dans une seule journée 47
résidus chimiques suspectés cancérigènes et 37 soupçonnés être
des perturbateurs endocriniens, capables de modifier notre système
hormonal. Parmi ces indésirables, un insecticide interdit depuis 40
ans, le Ddt, retrouvé dans du saumon.
Le risque des faibles doses
Autre écueil : les doses journalières
admissibles (Dja), qui conditionnent la réglementation des quantités
de molécules toxiques que nous pouvons ingurgiter sans problème
pour notre santé, sont calculées sur le principe très ancien (il
date du XVIe siècle) que c’est la dose qui fait le poison.
Or, de nombreuses études récentes
suggèrent désormais que même les faibles doses peuvent avoir un
impact sur la santé, notamment lors du développement fœtal, de
l’allaitement et de la petite enfance, en particulier pour les
perturbateurs endocriniens (Bisphénol A, phtalates, pesticides...).
Autant de substances qui n’ont pas
été analysées par l’Anses, mais qui devraient faire l’objet,
selon son directeur général, d’une communication nationale et
européenne à l’automne 2012.
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