vendredi 22 février 2013

Dangereux, nos produits de beauté?

2009-01-08
Pourriez-vous passer une journée complète sans utiliser de produits cosmétiques? Difficile, non? Que ce soit le dentifrice, l’eau de toilette, le brillant à lèvres ou l’écran solaire, des milliers de produits sont compris dans la grande catégorie des cosmétiques. On estime d’ailleurs qu’en moyenne, une personne utilise chaque jour environ quatre produits cosmétiques.
Et s’il est pénible de s’imaginer sortir en public sans porter de déodorant ou une touche de rouge à lèvres, ce n’est rien comparativement à l’idée d’être atteint du cancer en raison d’une exposition à long terme à ces produits.
En septembre 2008, une étude menée par l’Environmental Working Group (EWG), un groupe de travail américain sur l’environnement, a révélé que des adolescentes partout aux États-Unis étaient contaminées par des perturbateurs hormonaux trouvés dans des cosmétiques et des produits de soins corporels. Et trois mois plus tôt, lors de la conférence mondiale sur le cancer du sein tenue à Winnipeg, on a présenté un exposé sur la présence dans bon nombre des grandes marques de maquillage, shampoings, lotions et parfums de toxines, carcinogènes et ingrédients qui imitent les effets de l’?strogène.
Ainsi, les types de produits chimiques utilisés dans la conception des produits cosmétiques vendus aux consommateurs suscitent de plus en plus de questions.
« Il y a 10 000 substances chimiques utilisées dans les cosmétiques », affirme Carol Secter, coprésidente de la Campagne en faveur de cosmétiques sécuritaires de l’Action cancer du sein de Montréal (ACSM). « Ce qui nous préoccupe à l’ACSM est de savoir si divers ingrédients risquent de dérégler notre système endocrinien ou d’être cancérigènes d’une façon ou d’une autre. »
Un comité technique de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) cherche justement à améliorer la qualité et la sécurité des cosmétiques. Depuis 2005, le comité technique pour les normes relatives aux cosmétiques (ISO/TC 217) a publié 11 normes qui ont trait à la sécurité des cosmétiques. La toute dernière de ces normes (ISO 15819:2008) porte sur les méthodes analytiques pour la recherche et la quantification de la N-nitrosodiéthanolamine (NDELA) dans les cosmétiques et les matières premières utilisées dans leur préparation.
La NDELA appartient à une classe de composés appelés N-nitrosamines qui, selon des scientifiques, pourraient causer le cancer chez les humains. En effet, on a établi lors d’essais sur des animaux une corrélation entre le cancer et des dosages élevés de ces substances chimiques dans des cosmétiques.
Les nitrosamines figurent sur la Liste critique de Santé Canada, c'est-à-dire qu'elles font partie des ingrédients dont l’utilisation est restreinte ou interdite dans les cosmétiques vendus au Canada. Cependant, il est possible que ce composé se retrouve tout de même dans un produit, car sa formation peut être entraînée par une réaction donnée entre divers types d’azote présents dans d’autres ingrédients. Et sous certaines conditions, comme lorsqu’un produit demeure sur les tablettes d’un magasin pendant une longue période, ces ingrédients réagissent parfois entre eux et se transforment en nitrosamines ou en d’autres composés chimiques potentiellement carcinogènes.
Voilà où la norme ISO pour l’analyse de la NDELA (ISO 15819:2008) pourrait s’avérer très utile aux fabricants de cosmétiques. Une norme internationalement acceptée pour la recherche et le dosage de cette substance chimique dans les cosmétiques aiderait à éviter que des produits ainsi contaminés se retrouvent sur les étagères, voire donnerait lieu à une combinaison d’ingrédients qui ne causeraient pas la formation de NDELA dans ces produits.
« Les contaminants sont clairement un problème, affirme Mme Secter. Il est important de faire analyses de détection des substances chimiques, car il n’y a pas eu d’essais sérieux sur les cosmétiques et les effets d’une exposition à long terme et à petite dose. »
C’est exactement ce que les membres de l’ISO qui élaborent ces normes espèrent accomplir.
« Pour la sécurité des consommateurs et dans leur intérêt, il faudrait éviter les contaminants dans les produits de santé et de soins personnels », affirme Mojeh Tabari, secrétaire du comité ISO/TC 217. « Le Comité technique de l’ISO a pour mission de proposer des méthodes fiables pour fournir des données appropriées et pertinentes sur l’absence ou la stricte restriction de ces divers contaminants dans les produits cosmétiques. Il est essentiel, pour la bonne qualité des cosmétiques, d’éviter toutes les sources possibles de contamination, et des méthodes analytiques pertinentes peuvent veiller à ce que ce soit respecté. »
Bien que cette norme porte seulement sur les analyses de la NDELA, le comité ISO 217 qui élabore les normes pour les cosmétiques — et dont le Canada est membre observateur par l’entremise du Conseil canadien des normes — prépare une norme qui s’appliquera aux autres nitrosamines.

http://www.scc.ca/fr/news-events/features/features-the-ugly-side-of-cosmetics

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire