http://www.viva.presse.fr/Le-cholesterol-ne-bouche-pas-les_17887.html
Santé
"Le cholestérol ne bouche pas
les artères"
© Hamilton/REA
Dans son livre qui vient de sortir, «
La vérité sur le cholestérol » (Cherche-Midi), le Pr Philippe
Even affirme qu’il n’y a pas de mauvais cholestérol et que ce
dernier n’est pas la cause des infarctus et des AVC comme on nous
l’a dit. Interview du Dr Michel De Lorgeril, cardiologue et
chercheur au CNRS, auteur de « Dites à votre médecin que le
cholestérol est innocent » et de « Cholestérol, mensonges et
propagande », qui va être réédité en mars chez Thierry Souccar
Editions.
Est-ce que le cholestérol est
dangereux pour les artères ?
Les plaques de graisse dans les artères
n’existent pas, c’est de la désinformation, un pur mensonge. Ce
qui existe, ce sont les plaques athérosclérose qui peuvent
partiellement obstruées une artère car, si elles ne sont pas bien
vascularisées, elles vont se nécroser dans leur partie centrale. Et
c’est dans cette nécrose que des substances que notre organisme ne
sait pas éliminer facilement comme le calcium ou le cholestérol
vont progressivement s’accumuler. Ce qui signifie que la présence
de cholestérol dans la plaque d’artériosclérose n’est pas à
l’origine de la plaque mais la conséquence d’une plaque
vieillissante. C’est pourquoi, vous trouvez des plaques
d’artériosclérose chez des personnes qui ont un cholestérol
normal, voire bas. Cela n’a rien à voir avec taux de cholestérol
élevé. Ce qui bouche une artère, c’est à la rigueur, la nécrose
qui augmente avec le temps mais surtout la survenue d’un caillot de
sang dans lequel le cholestérol ne joue aucun rôle. Réduire son
cholestérol n’empêche ni l’un ni l’autre.
Néanmoins, faut-il s’inquiéter
quand on a un taux cholestérol élevé ?
Il ne faut pas s’inquiéter mais il
faut s’interroger sur son mode de vie. Est-ce qu’il est délétère
ou, au contraire, est-ce qu’il protège ma santé ? Un mode de vie
délétère, c’est une alimentation de type « western », riche en
mauvaises graisses et en sucres, en opposition à une alimentation de
type méditerranéenne, riche en fruits, légumes, céréales, etc.,
ou japonaise, riches en poissons par exemple. C’est également
l’absence d’exercice physique et musculaire, absolument
fondamental, ou encore des poisons tels que le tabac, les gaz qu’on
respire, les pesticides sans compter le stress. C’est là-dessus
qu’il faut agir. Les maladies cardiovasculaires sont des maladies
du mode de vie. Si votre cholestérol est élevé et que vous vous
dites que vous n ’avez pas envie d’arrêter de fumer, ni de
changer votre régime alimentaire, et que, pour le baisser, vous
préférez prendre un médicament, non seulement, vous ne changez
rien à votre pronostic mais vous ajoutez la toxicité supplémentaire
des médicaments.
Que voulez -vous dire ?
En 2012, la Food and Drug
Administration qui est l’autorité américaine du médicament a
publié une alerte indiquant que les statines entraînaient des
pertes de mémoire, ce qui prouve qu’ils ont une toxicité
neurologique. Il a fallu 20 ans de commercialisation pour avertir
d’un tel effet. La FDA a également reconnu que les statines
favorisaient le diabète. Une étude récente révèle que ce risque
existe qu’elle que soit la dose et la durée. Tout ça est publié
dans les revues scientifiques américaines mais on en n’entend pas
parler en France. C’est hallucinant. On sait également que les
statines peuvent engendrer des douleurs musculaires chez 12 à 34%
des patients, c’est l’effet indésirable le plus bruyant, celui
que les patients signalent le plus. Mais il y en a d’autres, plus
invisibles comme les troubles sexuels, par exemple. Le cholestérol
est indispensable aux cellules de l’organisme, quand on le diminue,
il dysfonctionne.
Quelles ont été les réactions la
sortie de votre premier livre ?
Un certain nombre de médecins se sont
montrés intéressés. L’Assurance maladie aussi mais elle est très
mal placée car si elle dit qu’il ne faut plus rembourser un
médicament, elle est aussitôt accusée de brader la santé en
faisant des économies. En revanche, la Haute Autorité de Santé,
l’Agence du médicament... n’ont pas réagi. C’est normal, au
moment où j’ai publié mes livres, leurs comités étaient peuplés
de gens payés par l’industrie. Quant aux sociétés savantes comme
la Fédération de cardiologie ou autres, elles sont sponsorisées
par l’industrie pharmaceutique et prisonnières de ses messages.
Parmi toutes ces médecins, beaucoup sont de bonne foi mais comme ils
n’ont pas le temps de lire les publications, qu’ils sont très
occupés et qu’il n’ont pas trop l’esprit critique, ils
laissent courir. D’autant que si vous remettez en cause un produit
commercialisé par un grand groupe pharmaceutique, celui-ci se venge
immédiatement : vous êtes sur une liste noire, on ne finance plus
vos travaux, on ne fait plus appel à vous comme leader d’opinion,
etc.
C’est ce qui vous est arrivé ?
J’ai eu des conflits majeurs avec
l’industrie. Dire qu’il ne sert à rien de prendre des
médicaments contre le cholestérol n’apportent aucun bénéfice et
qu’ils n’ont aucun effet sur la mortalité cardiovasculaire alors
qu’environ 6 millions de patients en prennent régulièrement, ça
expose. J’ai été menacé de poursuites à coup d’avocats mais
heureusement j’ai été défendu par le Comité d’éthique. Et
comme mes travaux sont plutôt populaires et que j’ai de gros
contrats avec la communauté européenne, j’ai pu continuer à
faire mon travail tranquillement. Aujourd’hui, avec le Mediator,
les pilules, la viande de cheval... les gens commencent à avoir des
doutes. Et que Philippe Even, qui est un esprit libre et indépendant,
prenne le temps d’étudier ce sujet et aboutisse à la même
conclusion que moi, c’est très flatteur.
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